Une solution légère adaptée à de nombreux éleveurs
Le caisson d’abattage mobile est une structure plus légère que les camions abattoir. Ces caissons permettent notamment d’assurer des abattages à la ferme dans des zones difficilement accessibles par les camions (zones montagneuses et escarpées notamment).
Le meilleur retour d’expérience que nous avons concernant ce type de matériel nous vient d’Allemagne où les caissons d’abattage mobile sont utilisés depuis plusieurs années.
Il est à noté que ces caissons vont permettre uniquement l’abattage et la saignée à la ferme, la carcasse devant ensuite être rapidement transportée dans un abattoir pour être transformée. ce délai doit être de 60 minutes maximum.
Comme le rappelait Mme Jocelyne Porcher, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) lors de son audition devant la commission d’enquête parlementaire en juin dernier, ces équipements nouveaux ne rentreront pas en concurrence avec les abattoirs existants, bien au contraire.
Jocelyne explique que : « ces équipements, loin de concurrencer les abattoirs de proximité, en constituent au contraire le prolongement. L’utilisation notamment du caisson d’abattage, qui ne sert qu’à l’abattage et à la saignée, implique de se rendre rapidement dans un abattoir de proximité pour le traitement de la carcasse. »
Ce que confirme M. Stéphane Dinard : « Je les vois avant tout comme des outils complémentaires par rapport aux abattoirs de proximité, souvent en difficulté. Ceux-ci pourraient être reconvertis en salle de découpe avec des frigos où opéreraient des bouchers à disposition des éleveurs. Cela éviterait à chaque éleveur de se doter d’un laboratoire pour transformer la viande. Autrement dit, il faudrait repenser le fonctionnement des outils, parallèlement à l’activité de l’abattoir mobile qui passerait dans les fermes. […] L’existence d’un abattoir mobile (caisson d’abattage) pourrait permettre de transformer l’abattoir qui ne fonctionne qu’une fois par an en salle de découpe à disposition des éleveurs. Le camion abattoir tournerait de telle sorte que les éleveurs des alentours puissent abattre leurs animaux dans de bonnes conditions. L’abattoir désaffecté serait ainsi réutilisé pour une autre fonction ; le camion abattoir serait le complément des structures existantes qui ne sont plus utilisées. »
Le coût d’un tel caisson, qui doit naturellement être agrée et répondre aux normes Européennes, varie entre 4500 et 10 000 euros, en fonction des modèles. Se présentant sous forme de remorque, il peut être tracté par une voiture ou un camion.


L’exemple d’un éleveur Allemand qui utilise le caisson d’abattage
Des membres de notre Collectif ont pu rencontrer Théo Fleischmann qui est éleveur de bovins en Bavière (Allemagne) avec 200 vaches allaitantes et une ferme en biodynamie.
Il pratique l’abattage à la ferme à l’aide d’un caisson d’abattage. En Allemagne, l’abattage peut se pratiquer de deux façons mais nécessite au préalable, le passage à la ferme d’un vétérinaire pour l’inspection sanitaire ante mortem.
1) Tuerie en plein champs + saignée dans le caisson
Les bovins élevés en plein air sont abattus dans le pré (à proximité d’un tracteur) avec une balle tirée dans la tête. Ensuite, ils sont soulevés et récupérés dans un godet du tracteur ou dans une remorque tractée par une voiture et transportés jusqu’à la ferme pour la saignée dans un caisson mobile.
La tuerie en plein champs reste rare car en Allemagne c’est humide et cela rend le travail difficile
2) Étourdissement à la porte de l’étable + saignée dans le caisson
Dans les deux cas, la saignée qui correspond à l’abattage « juridique » se déroule dans le caisson d’abattage constitué d’une pièce avec un évier; tout le sang doit être collecté et le camion nettoyé entre chaque tuerie. Le caisson mobile, c’est l’abattoir.
Le cas Allemand permet d’envisager deux possibilités, deux modèles économiques pour les éleveurs qui souhaitent utiliser le caisson d’abattage à la ferme :
1) L’achat du caisson de saignée » qui appartient alors à l’éleveur
L’éleveur et/ou le tueur boucher agrée pratiquent l’étourdissement (qui se pratique à l’extérieur) et la saignée, qui se fait elle dans le « caisson de saignée ». Dans ce cas, l’éleveur dispose d’une salle réfrigérante et d’une salle de découpe sur la ferme (c’est le cas de Théo Fleischmann). Cela nécessite une inspection sanitaire post mortem d’un vétérinaire qui réalise un contrôle sanitaire après la mort.
2) L’utilisation du « caisson de saignée » qui appartient à un ou plusieurs abattoirs.
L’éleveur et/ou le tueur boucher agrée pour l’étourdissement et la saignée utilise le caisson qui doit se rendre en moins d’une heure et demie à l’abattoir (soit environ 60 km) où est pratiquée l’inspection sanitaire post mortem et la découpe.
Notre Collectif s’engage en faveur de cette solution technique qui apparait comme adaptée aux territoires et aux besoins de nombreux éleveurs qui souhaitent que la fin de vie de leurs animaux se passe à la ferme.
Son coût, relativement abordable en comparaison de certains camion abattoir, est aussi un élément majeur à considérer.
Dans cette optique, nous travaillons actuellement à la structuration de possibles partenariats avec certains abattoirs de proximité qui souhaiteraient défendre à nos côtés cette solution, et en devenir un prolongement.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à visionner ce documentaire en Allemand présentant notamment l’abattage au pré par les éleveurs :